Dans sa vidéo 27 novembre 2021, la chaîne Comprendre et Agir, nous propose un exposé de Valérie D'Acremont, médecin, épidémiologiste, responsable du département Digital and Global health à Unisanté de l’Université de Lausanne sur le thème de Technologies et santé : Quels compromis entre éthique, environnement et climat ? Analyse réflexive et expérience de terrain.
- La conférence commence par présenter un projet de recherche lié à la santé des personnes vivant dans des pays à ressources limitées ou revenant des tropiques en Europe.
C’est particulièrement touchant ; via un exemple on ne peut plus concret et saisissant, elle questionne plus ou moins directement des idéologies, des démarches ou approches auxquelles les scientifiques sont actuellement confrontés.
- La seconde partie, est concerne un plus grand public, mettant en avant des problématiques rarement évoquées sous cette forme :
La démarche se pose la question de la mesure des impacts en tenant compte des critères de dégradation rapide des environnements des pays étudiés et impacts énergétiques et en matériels (leur durabilité) de la solution proposée.
Cette seconde partie met en avant que les risques liés au dérèglement climatique sont des éléments pris en compte par les scientifiques, et à quel point cela aura des impacts considérables pour certaines populations.
Cela rend encore plus responsable les décideurs de toutes espèces de la situation climatique et de leur ignorance réelle ou construite à la faveur de leurs intérêts.
Imaginez que vous êtes une ou un clinicien travaillant dans un centre de santé d'un pays à ressources limitées, responsable de soigner en première ligne toute la population avoisinante. Votre gouvernement a émis une bonne vingtaine de documents de recommandations de pratique clinique qui vous concerne directement, destinés à mettre en application les différentes politiques de santé décidées par les autorités. Ces guides sont construites en silo par maladie sans indication sur comment les différencier ni les prioriser, se contredisent entre elles et ne sont pas à jour vu la vitesse à laquelle les épidémies et les connaissances changent. Heureusement un groupe de chercheurs cliniques et informatiques ont inventé une application sur tablette intégrant toutes ces recommandations, qui vous guide pas à pas pendant vos consultations et vous permet enfin d’identifier les rares malades qu’il faut envoyer tout de suite à l’hôpital pour éviter qu’ils ne meurent, et surtout ceux bien plus nombreux qui n’ont besoin de rien hormis des conseils de prévention. Mais ces tablettes, obsolètes après 2 ou 3 ans s’empilent maintenant par milliers, n'étant pas recyclées ; les algorithmes se complexifient de jour en jour en raison des nouvelles épidémies, les data s’accumulent par million sur des serveurs locaux souffrant des températures de plus en plus extrêmes, analysées en continu par une intelligence artificielle générant des émissions de CO2 faramineuses…
Bio : Valérie D'Acremont est médecin, épidémiologiste et experte en santé globale spécialisée dans les maladies infectieuses et tropicales. Elle est responsable du département « Digital and Global health » à Unisanté de l’Université de Lausanne, ainsi que chef de groupe de recherche à SwissTPH, Bâle. Elle dirige actuellement de grands projets de recherche opérationnelle visant à réduire la morbidité et la mortalité chez les patients vivant dans des pays à ressources limitées ou revenant des tropiques en Europe.
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